LE JARGON FRANÇAIS DE LA MAINTENANCE : QUELQUES EXEMPLES ACCESSIBILITÉ VERS LE COMPOSANT Voilà une formulation contradictoire car on peut aller « vers » un point sans jamais l’atteindre, auquel cas le point n’est pas accessible. Sans doute est-il trop simple de dire « accessibilité du composant ». ANALYSE DES MODES DE DÉFAILLANCE, DE LEURS EFFETS ET DE LEUR CRITICITÉ Cette traduction abracadabrante de l’anglais failure modes, effects and
criticality analysis (en abrégé FMECA) en dit long sur la
méconnaissance, chez son auteur, de la syntaxe de l’anglais technique, et en
particulier de ce qu’on peut appeler « empilement » ou nom surcomposé. L’ordre
correct de traduction est le suivant : Sur le même modèle, on pourrait fabriquer
« analyse huileuse » au lieu de « analyse des huiles » !
Conservons donc « analyse des vibrations », qui est la traduction
correcte de l’anglais vibration analysis. La panne n’étant pas une quantité indénombrable,
on ne voit pas pourquoi le mot serait au singulier dans cette expression. Il convient
donc de dire « arbre des pannes » ou « arborescence des pannes »
pour traduire failure tree ou fault tree (en espagnol, on dit d’ailleurs
« arbol de averias »). À l’instar d’un gouvernement de transition entre ancien pouvoir politique et
nouveau pouvoir, un diagramme de transition ne saurait être qu’une étape
intermédiaire entre un ancien diagramme et un nouveau. Ce n’est évidemment pas
le cas. Cette traduction incorrecte et tronquée de l’anglais state-transition
diagram doit céder la place à l’expression « diagramme des transitions entre
états » (« diagramme des transitions d’états » serait moins clair). L’emploi en français de ce néologisme anglais (contraction de l’expression
electronic maintenance) où e se prononce comme un « i »
long, n’est pas sans créer des problèmes d’euphonie dont on se passerait bien.
On trouve en effet « la e-maintenance », « une e-maintenance », « projet de
e-maintenance » (mais aussi « l’e-maintenance », « plate-forme d’e-maintenance
»). Pour éviter ces « a eu » et « eu eu », ne pourrait-on pas dire tout bonnement «
maintenance électronique » (voire « maintenance élec »), ou « maintenance en
ligne », ou encore « maintenance via l’Internet » ? Voilà un calque de l’anglais maintenance function, expression sybilline
et prétentieuse qui ne veut rien dire d’autre que « service de maintenance » ou
« activités de maintenance », ou encore tout simplement « maintenance », à
preuve les emplois suivants : Cet anglicisme, qui est quasiment le reflet, dans un miroir, de l’anglais
zero leaks, n’en dit pas plus que le français « absence de fuites ». Il était déjà difficile d’échapper à
la francisation de l’anglais maintainability, voilà que l’on nous concocte le néologisme «
immaintenabilité » pour faire pièce à l’antonyme unmaintainability,
désignant le fait d’être au-delà de toute possibilité de maintenance. Avec le
verbe transitif « maintenancer », on aurait pu faire « maintenançable » et «
non maintenançable » et, partant, « maintenançabilité » et «
non-maintenançabilité », qui sonnent quand même mieux. Maintainable et unmaintainable
peuvent se traduire par ailleurs par «gérable » et « ingérable » lorsqu’il
s’appliquent à du code de programmation en informatique. L’expression française correcte est
« sensibilité aux défaillances » (cf. « tolérance
aux fautes » infra). Voilà une mauvaise traduction de l’expression anglaise reliability-centred
maintenance, c’est-à-dire littéralement « maintenance centrée sur la
fiabilité ». On rencontre désormais l’expression alambiquée et incorrecte «
optimisation de la maintenance par la fiabilité » (« par la recherche de la
fiabilité » serait plus indiqué). Cette expression au sens propre désigne une
maintenance soumise à certaines conditions et n’est donc pas synonyme de
l’expression anglaise condition-based maintenance, où condition-based
signifie « lié à l’état (du matériel) ». À voir cette expression incongrue, comment
ne pas se demander : « déportée sur la droite ou sur la gauche,
sur l’avant ou sur l’arrière ? ». Elle est censée être la
traduction de l’anglais offsite maintenance, littéralement « maintenance
hors site », « maintenance locale ». Ces deux expressions ne seraient-elles
pas plus appropriées ? Traditionnellement, un « mainteneur » est une personne qui a la
charge de maintenir en vie une institution, une commémoration, une tradition, etc., à
l’instar des « mainteneurs des Jeux floraux » à Toulouse, ou de tel personnage
historique « mainteneur de la Nation », ou encore de tel ancien maquisard «
mainteneur de la mémoire de la Résistance ». Appliquer ce terme à un technicien
de maintenance, c’est en forcer le sens : si l’on peut dire de ce technicien qu’il «
maintient en bon état » le matériel qui lui est confié, on ne peut pas
dire qu’il « maintient » (tout court) ce matériel, expression qui est un
anglicisme suscité par l’anglais to maintain (au sens d' entretenir). «
Maintenancien » (pour une personne) et « maintenanceur ») (pour une société), tous
deux fabriqués à partir du néologisme « maintenancer », sont
mieux indiqués. Quant à « maintenicien », il doit être réservé aux personnes qui font
de la « maintenique » ou maintenance assistée par ordinateur. « Maintenir » un système, c’est le conserver tel quel, ne pas y toucher, ne pas le remplacer, ce qui n’est pas tout à fait la même chose que le « maintenir en état de fonctionnement », ou encore l’ « entretenir ». En fait, à bien y réfléchir, « maintenir un système », c’est ne pas l’entretenir, ne pas le dépanner, un comble ! Si en anglais le verbe to maintain correspond bien par le sens au substantif maintenance, par contre en français le verbe « maintenir » correspond au susbtantif « maintien ». À défaut d’employer le néologisme « maintenancer », il convient donc de se contenter de la périphrase « assurer la maintenance de ». SURVIVABILITÉ Il ne s’agit ni plus ni moins que de la francisation irréfléchie de l’anglais
survivability, substantif formé sur l’adjectif survivable, lui-même
formé sur le verbe to survive, traduit par « survivre » lorsqu’il est
transitif et « survivre à » lorsqu’il est transitif. « Survivre à » étant un
verbe transitif indirect, « survivable » est impossible en français, il faut se
contenter d’une paraphrase comme « auquel / à la quelle on peut survivre » ou
encore « à fortes probabilités de survie ». Survivability sera donc
traduit par « capacité de survie ». Cet anglicisme fabriqué à partir de fault tolerance, littéralement « insensibiltié aux défaillances », est doublé d’une incorrection (il faudrait dire « tolérance à l’égard des fautes »). home tech voc gen voc grammar EtoF FtoE exam papers texts pronunciation manuals franglais dictionaries publications Q&A images links |
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