UN ANGLAIS DE QUALITÉ : L'ANGLAIS DE L'AFNOR

Source : Dictionnaire français-anglais de la qualité, AFNOR, 1993


LES CONTRESENS ET LES FAUX-SENS

- relance, relancer sont traduits par expediting, qui veut dire le fait d’accélérer, de faciliter

- survivabilité est traduit par le curieux outliving, qui veut dire le fait de survivre, alors que le terme français est un néologisme calqué sur l’anglais survivability, lui-même fabriqué à partir de survivable, qui a deux sens : 1/ capable de survivre; 2/ auquel on peut survivre

- jalonnement est traduit par scheduling, qui signifie planification ou ordonnancement, plutôt que par marking out

- que vient faire increment (pas de progression) dans la traduction de prélèvement ?

- que vient faire good (bien moral) dans la traduction de bien au sens économique (asset en anglais) ? En fait le traducteur a pris le mot anglais goods (articles, biens), qui est toujours au pluriel, et sans se démonter, l’a mis au singulier

- révision du prix est traduit par price escalation, c’est-à-dire montée en flèche des prix, ce qui exclut toute révision à la baisse

- la curieuse expression soutien après la vente (s’agirait-il de soutien moral ?) est traduite par servicing, rendu habituellement par entretien, réparations, alors qu’on s’attendrait plutôt à after-sales support, post-sale support, customer support, product support, service support

- industrialisation est traduit par industrialization, ce qui est correct, mais aussi par manufacturing, ce qui l’est moins puisque le terme signifie fabrication

- exigences de la société, où société est synonyme d’entreprise, est traduit par requirements of society, formulation erronée puisque l’anglais society désigne uniquement le groupe social ou l’association à but non lucratif

- installation, au sens de mise en place, est traduit par installation, qui convient tout à fait, mais aussi par equipment, qui ne convient absolument pas puisque le mot désigne non pas l’opération mais le résultat, c’est-à-dire les installations, les équipements

LES FAUTES D’ORTHOGRAPHE

- implicite au lieu de implicit (sans e)

- maintenability au lieu de maintainability

- stocastic process au lieu de stochastic process

- market readyness review au lieu de market readiness review

- after sale service au lieu de after-sales service

- l’expression latine intuitus personae se retrouve écrite, d’une ligne à l’autre, avec s puis sans s :

. intuitu personae / intuitu personae

. un contrat conclu « intuitus personae »

- l’expression latine a priori se retrouve écrite à priori (p. 83, p. 97)

LES FAUTES DE GRAMMAIRE

- le substantif logistique est traduit par logistic (qui est un adjectif) alors que le substantif anglais est logistics (faux plur.)

- de même, le substantif métrique est traduit par metric (qui est un adjectif) alors que le substantif est metrics (faux plur.)

- mise systématique du s du pluriel au déterminant de noms composés comme problems solving (au lieu de problem solving), faults tolerance (au lieu de fault tolerance)

- donnée (sing.) est systématiquement traduit par data (données), qui est un indénombrable et dont le singulier se forme à l’aide de an item of (an item of data)

LES TRADUCTIONS APPROXIMATIVES

- propriété industrielle est rendu par patent (c’est-à-dire brevet) et trademark (c’est-à-dire marque commerciale) au lieu de industrial property

- propriété intellectuelle est rendu par copyright (c’est-à-dire le droit de reproduction) plutôt que par intellectual property

- mise en service est rendu par commercial operation alors que commissioning s’impose

- formation (du personnel) est rendu par training (professional) - que fait d’ailleurs l’adjectif qualificatif après le nom ? - au lieu de staff training

- pour le substantif graphique on trouve certes graph mais aussi, inutilement et faussement, drawing

- les 7 initiales QQOQCPC des questions quoi ? qui ? où ? quand ? comment ? pourquoi ? combien ? à se poser face à un problème, sont rendues par l’expression 4W2H pour who, what, where, how, how much, d’où l’on déduit que les Anglais ne se posent pas la question why contrairement aux Français

- pour sondage, on trouve gallup (en fait Gallup poll), qui s’applique à un sondage d’opinion politique ou sociologique, le terme approprié étant survey

- erreur humaine est rendu par mistake (faute) plutôt que par l’évident human error

LES INVENTIONS PURES ET SIMPLES

- le bizarre point d’arrêt traduit par le non moins bizarre hold point alors qu’on s’attendrait à stop ou halt

- mise au point est rendu par set up (c’est-à-dire 1/ montage, installation; 2/ configuration, réglage) alors qu’il y a checking-out, adjusting, tuning

- échange standard est traduit par l’abracadabrant replacing good, comme si standard accessory replacement ou unit exchange n’existaient pas

- état de disponibilité et état d’indisponibilité traduits respectivement par up state et down state - expressions qu’on pourrait utiliser pour indiquer une localisation à l’intérieur d’un état des Etas-Unis -, alors qu’il y a availability et unavailability

- pour file d’attente, on trouve, outre queue, le curieux pushup list, litt. « liste de pompes » (au sens de flexions faites avec les bras)

- que vient faire demander, mot qui n’existe pas, pour traduire demandeur d’un produit, alors que l’anglais fait appel à seeker en composition pour rendre ce mot (cf. job seeker, demandeur d’emploi)

- le néologisme disqualité - censé signifier l’écart entre la qualité visée et la qualité obtenue - est traduit par l’invraisemblable dysquality

- ergonomie est traduit par le barbarisme ergonomy, mot qui n’existe pas en anglais, où l’on trouve par contre ergonomics (faux pluriel)

- pour étalon, on trouve non pas yardstick ou reference standard mais etalon, terme qui existe certes en anglais mais dans le domaine de la physique (où il désigne deux plaques de verre ou de quartz réfléchissant disposées en parallèle et produisant des interférences)

- l’obscur concept d’unité d’usage - « grandeur exprimant quantitativement un usage » - est rendu par l’invraisemblable life unit, litt. « unité de vie » (alors que l’expression coût moyen d’unité d’usage a été traduite précédemment par l’approximatif mean cost of using unit)

LE CHARABIA, LES INCORRECTIONS EN FRANÇAIS

- représentant pour l’assurance de la qualité : il doit s’agir d’un représentant de l’Autorité nationale pour l’assurance de la qualité

- tolérance aux fautes : cet intolérable calque de l’anglais fault tolerance sera avantageusement remplacé par insensibilité aux défaillances, et ce d’autant plus que le verbe français tolérer est transitif et que l’on dit être tolérant envers ou à l’égard de et non pas être tolérant à

- exigences pour la qualité : il conviendrait de dire plutôt exigences en matière de qualité

- protection d’un produit (en anglais, litt. a product’s protection) n’est pas tout à fait la même chose que protection de produits (en anglais product protection)

- gamme d’une erreur - qu’il faut comprendre comme gamme des valeurs prises par une erreur - (en anglais, litt. an error’s range) est traduit par error range, c’est-à-dire en fait gamme d’erreurs (au plur.) ; il aurait fallu parler de « plage d'erreur »

- densité de défaillance : si défaillance est au singulier, peut-on parler de « densité » ?

LA PAUVRETÉ DES TRADUCTIONS EN ANGLAIS

- seul l’anglais standard est proposé comme traduction de norme, norm est complètement ignoré

- pour savoir-faire, l’on trouve ability (aptitude), mais pas skill ou knowhow, pourtant plus appropriés

- pour propriétés, le traducteur ne connaît que characteristics : il faut sans doute s’attendre à trouver properties comme traduction de caractéristiques

- le substantif matériel est traduit par hardware, alors que le terme equipment aurait pu être proposé

LE FRANGLAIS

- on trouve bloc diagramme (mauvais calque de l’anglais block diagram, litt. « schéma à pavés ») au lieu de schéma fonctionnel

© Christian Lassure - English For Techies

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